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Photo du rédacteurCATHERINE POUCHOUS

ASANA - POSTURE




Le terme de « posture », traduit celui du sanskrit « asana », littéralement « le fait de s’asseoir », ou « la manière d’être assis ».

Les postures obéissent à une symbolique passionnante avec de nombreuses voies d’interprétations formulées au fil des siècles.

La tradition évoque plus de 8 400 000 postures ; elles sont très souvent inspirées des animaux et offrent au delà de la forme un lien entre l’esprit et les capacités de l’animal et celui des bienfaits de la posture.

Ainsi celle du Corbeau, Kakasana, posture d’équilibre m’engage à un effort pour sortir de ma zone de confort, dépasser mes peurs et « mourir » symboliquement à soi-même sur le plan de l’ égo figé pour aller vers une nouvelle naissance plus spirituelle. En Inde le corbeau œuvre entre le monde des vivants et celui des morts et dans le Mhabharâta c’est un messager de la mort.

La posture de la grenouille, Bhekasana, propose de mobiliser mon bassin dans une large ouverture. Le bassin est mon « chaudron sacré » réceptacle et source de vie, la posture décongestionne la zone et développe la souplesse des hanches et des adducteurs.

La grenouille est liée à l’eau (chakra svadhisthana) en lien avec la terre (chakra muladhara) et les textes du veda la voient comme une figure mythique de la création.


 

Les postures de yoga permettent de découvrir notre architecture énergétique. La posture est un médium qui permet de communiquer avec soi-même dans différentes facettes parfois inconnues et c’est dans cet échange, ce voyage dans le mouvement, la forme et le souffle, que l’on peut se reconnecter à la source de nos propres énergies.

Le corps physique avec toute sa réalité énergétique est l’outil du Yoga, et son action est celle de la transformation et de la rencontre avec soi-même. Le yoga est donc une voie et une méthode qui donne les moyens d'agir sur le corps, sur les énergies, sur la respiration, sur les émotions et sur le mental, d’équilibrer la physiologie, le souffle, les pensées.

Chaque nouvelle « forme ou attitude « du corps dans un Asana met l’ensemble des chakras dans une configuration spécifique, recentre l’énergie, la fait circuler. La posture permet de concentrer le mental et les pensées de manière ciblée, et crée un espace intérieur et un paysage mental singuliers.

L’équilibre, fondamental dans le Yoga comme dans la vie, est impossible dit la Bhaghavad Gita si nous nous éloignons de la juste voie, celle du milieu : « Celui qui mange trop et celui qui ne mange pas assez, celui qui dort trop et celui qui ne dort pas assez, celui qui travaille trop et celui qui ne travaille pas assez, celui-là n’atteindra pas l’équilibre ou l’union avec la réalité ».

L’Asana ne peut s’établir que grâce à des points de fermeté mais aussi dans le relâchement des inutiles tensions musculaires, respiratoires, mentales. C’est un équilibre qui se situe entre l’effort et la détente, le faire et le lâcher prise, l’intention ferme, la vigilance et la disponibilité, le détachement. Ce point d’équilibre est toujours et sans cesse à renégocier ; il impose d’être toujours ici et maintenant ancré et présent, conscient, dans la concentration

(Dhârana) en suivant le déroulé des postures guidé par son professeur dans une continuité de mouvements ou d’immobilités mais toujours en évolution.

La pratique des pranayama, les respirations qui utilisent le pouvoir de notre prana (énergie vitale) est le guide réel de notre pratique des Asana, qui sont des « formes » pour canaliser l’agitation qui bouleverse en permanence notre mental et non des objectifs en soi de performance physique.

Les Asana nous amènent à la Limite dés que l’on ose sortir de notre zone de confort pour aller dans l’inconnu.

C’est à la Limite que je rencontre mes résistances. Elle peut être physique quand je rencontre des tensions et que je bloque ma respiration pour m’éviter de sentir et que mes muscles se contractent pour ne pas aller plus loin. Elle est également émotionnelle, je sens la peur ou une autre émotion qui me bouscule, et aussi mentale quand je « pense » que je ne pourrais pas tenir plus longtemps ou aller plus loin. En restant témoin bienveillant de ces sensations et manifestations je peux aller plus loin, dépasser des blocages, me reconnecter à mon énergie vitale, allonger le temps de mon expire pour laisser aller les tensions, me relaxer dans la posture en laissant aller tout ce qui n’est approprié pour la tenir.

Je suis toujours curieuse des fluctuations de mes émotions, des sensations de mon corps et des « commentaires pensées » de mon mental, le recul m’aide à les explorer sans les juger.

Lorsque l’énergie circule sans le contrôle de mon mental, je danse sur sa vague et apprécie l’expérience quelque soit celle que m’offre ma manière de me poser dans la posture.



Sources : Yogamrita. Culture Yoga. Yoga de Kripalu (Swami Kripalvanandji)

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